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Le blog de Ka Horus
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7 mai 2007

La chasse aux sorcières 3

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Le procès de Salem

L'impitoyable chasse aux sorcières qui sévissait en Europe gagna aussi l'Amérique coloniale et atteignit sans doute son apogée en 1692 à Salem, village du Massachusetts. Des fillettes dénoncent trois prétendues sorcières. L'affaire aboutit au célèbre procès.

Un peu d'histoire...


Salem a été fondée en 1629 par un groupe de marchands et de pêcheurs. Ces fondateurs sont des puritains décidés à créer une société nouvelle. Peu à peu, Salem, ville portuaire opulente, s'intéresse moins à la Bible et devient « Yankee ». La dynamique protestante se fait sentir dans la vie quotidienne des habitants par le travail, la vertu, la rigueur et aussi par l'éducation (le collège d'Harvard est fondé en 1636, à mi-chemin entre Boston et Salem). Le septième jour est appelé « Sabbat » et non plus « Sunday » trop païen.

L'inquiétude monte auprès des habitants de Salem, car durant l'été 1690 éclatent des guerres indiennes qui provoquent des massacres horribles. De plus, les pasteurs se livrent à une prédication millénariste, baignée dans l'attente du dernier jour et fondée sur l'Apocalypse de Jean. Dans ce contexte, quand apparaissent les premiers cas de possession, la population est persuadée qu'il s'agit d'une attaque de Satan contre les élus de Dieu.

 

1692, le Diable se manifeste à Salem...

 

Salem est en fait un ensemble de fermes très éparpillées avec, au bord d'une route centrale, une « meeting house » (une église) en planches, dont le pasteur est depuis 1689, Samuel Parris. C'est par lui que Satan va se manifester.

 

Parris avait ramené des îles Caraïbes une esclave indienne, Tituba. Durant l'hiver 691-1692, Tituba raconte à Betty, 9 ans et Abigail, 11 ans, fille et nièce du révérend Parris, des histoires de son pays. Un jour, elle se met à lire leur avenir dans une boule de cristal improvisée (un blanc d'oeuf cassé dans un verre), or la divination est strictement interdite dans la Bible. Peu à peu, les fillettes prennent conscience qu'elles commettent un péché très grave. Un jour l'une d'elles, regardant dans le verre, voit un cercueil à la place du visage de celui qu'elle devrait épouser plus tard. A partir de ce moment, les fillettes commencent à manifester des symptômes de possession, qui en réalité sont ceux d'une maladie : l'hystérie.

Pressées de donner les noms de leurs tourmenteurs, elles accusent d'abord Tituba, puis deux vieilles femmes détestées par la communauté : Sarah Good et Sarah Osborne. Des mandats d'arrêt sont lancés contre elles en février 1692. Le 1er mars 1692, les trois femmes sont interrogées publiquement, sans être aucunement molestées, dans la meeting house de Salem. Si Sarah Good et Sarah Osborne nient farouchement avoir passé un contrat avec Satan, Tituba se confesse et accuse les deux femmes d'être des sorcières et reconnaît avoir vu le Diable et s'être rendue à des Sabbats. Le 7 mars 1692, les trois supposées sorcières sont envoyées à la prison de Boston.

L'interrogatoire, qui dure trois jours, est mené par le trisaïeul de Nathaniel Hawthorne. L'hystérie se propage. Les habitants ont des visions ; ils croient voir des bêtes entrer dans leur chambre, Sarah Good monter sur leur lit... Dès lors, les accusations se multiplient : ce ne sont plus seulement des femmes pauvres, vieilles, laides et marginales qui sont accusées, mais des femmes d'estime et des piliers de l'église. En quelques semaines, soixante-dix suspects sont emprisonnés dans de très mauvaises conditions. Ainsi, le 30 avril 1692, une plainte est déposée contre l'ancien pasteur de Salem le révérend Burroughs : on l'arrête, on l'interroge. Le mal se propage et gagne les villes voisines. A Andover, durant l'été l'épidémie fait rage.

 

Le procès s'ouvre le 2 juin 1692. Les magistrats n'ont pas de preuves mais l'attitude des accusés leur en fournit : cris déments, bouches baveuses, yeux révulsés, membres tordus... Sir William Phips, le nouveau gouverneur royal, arrivé en mai 1692, au milieu du procès, est parti combattre les Indiens laissant toute l'affaire entre les mains de son lieutenant général, William Stoughton, un ancien pasteur, un homme intègre mais dur et inflexible.

 

Le résultat est catastrophique et les condamnations prononcées beaucoup trop vite. Le 10 juin 1692, Bridget Bishop est pendue. Cinq autres accusées seront pendues le 19 juillet 1692, dont Rebecca Nurse (une vieille dame respectée et aimée de tous) et Sarah Good. Le 19 août 1692, les cinq accusés suivants, une femme et quatre hommes dont le révérend Burroughs, sont conduits au gibet. Le 22 septembre 1692, sept femmes et un homme sont encore pendus. Le gouverneur Phips, revenu de la frontière où il combattait les Indiens, est effrayé par le verdict. Il arrête immédiatement la procédure.

 

La chasse aux sorcières est terminée mais pour vingt accusés il est trop tard : dix-neuf personnes ont été pendues. La vingtième victime est Georges Cory. Il n'y a pas de preuves tangibles contre lui, mais il refuse d'être jugé. Selon la loi Anglaise, le tribunal peut le soumettre à « une peine dure et forte » pour l'y forcer. La peine consiste à étendre le malheureux sur le sol et à poser sur sa poitrine des poids de plus en plus lourds. Il trouve la mort en octobre 1692.

Le 17 décembre 1696, la province fait pénitence et décrète un jour de jeûne pour réparer le mal qu'elle a fait. C'est la période du repentir qui commence : il y a d'abord la confession publique de certains magistrats puis des jurés. Une lettre est lue depuis la tribune la plus élevée des paroisses pour demander pardon publiquement.

 

Aux habitants de Salem, cinq années seront nécessaires pour se réconcilier...

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